VIII - Fin de partie

24/02/2021

Septembre 2020, Rennes, l'été se termine à peine qu'un retour de bâton fulgurant m'arrive en pleine tronche. Elle est de retour, plus furieuse que jamais : ma RCH. A croire qu'elle a pris des vacances elle aussi pour me revenir au top de sa forme. Le feu de l'été prend place dans mes entrailles et consume tout.

Je reprends mon régime strict aussitôt : aucun changement, même après un mois de discipline au poil. "Comment c'est possible ?!", je venais de perdre mon dernier joker. Spasmes, crampes, douleurs intenses, saignements, diarrhées jours et nuits, j'épuise le peu d'énergie estivale que j'avais gagnée.

Outre la violence physique, la violence psychologique m'affecte profondément. Le yoyo émotionnel permanent entre santé / maladie, guérison / rechute, espoir / désespoir est éreintant. L'impression d'être une souris baladée par un chat. Je gronde, bouillonne, fulmine de ne pas réussir à me sortir de ces symptômes après tout le chemin parcouru. Un peu comme si je faisais partie d'un jeu où le boss gagne en puissance à chaque niveau. "Mais où se cache le boss final ?!" je me dis.

Je continue le travail auprès de différents thérapeutes : "C'est comme si tu portais quelque chose à bout de bras. Tu es épuisé mais tu continues de porter. Attention à ton égo spirituel : c'est comme si tu voulais mourir demain pour retourner à la source. Mais elle est ici ta maison, dans ce corps. Tu es chez toi ici. Tu es arrivé à un pallier spirituellement, tu veux encore monter mais la porte est fermée. Là il t'est demandé de redescendre dans ton corps, dans tes jambes, dans les fondations de ta maison. Tu manques d'ancrage, tes racines sont trop fragiles. Consolide-les pour mieux remonter plus tard. Cette RCH fait partie de toi, essaie de la prendre dans tes bras plutôt que de vouloir l'éloigner. Expulse toutes les particules de feu, de colère, de haine et de tristesse". L'ancrage semble être une clé supplémentaire mais je ne la comprends pas bien à ce moment-là.

Épuisé de lutter, à bout de force, je lâche...

"T'as gagné, j'en peux plus. Tu es beaucoup trop forte pour moi, je ne peux pas faire plus. Tu veux prendre tout le contrôle ? Vas-y. Après-tout si je dois mourir comme ça ainsi soit-il. J'avais pas prévu ça mais bon, on dirait bien que ce n'est pas moi qui décide. Je me suis bien battu."

Je relâchais toute la pression. C'était clair, mon corps était le plus fort. Épuisé de lutter contre les symptômes, je décidais de les laisser parler pleinement. Je vivais tout ça comme une petite mort symbolique. Pour la première fois je regardais ma RCH dans les yeux : j'y voyais toute ma rage, ma colère, ma tristesse et ma solitude en plein désert. Mes yeux d'adulte semblaient se poser sur mes yeux d'enfant, j'y retrouvais les mêmes choses, cette même tristesse nourrissant la même rage interne, terreau idéal pour y faire pousser mes symptômes. Tout ce feu qui brûlait mes entrailles, toute cette colère sur laquelle j'étais assis depuis le début et qui voulait sortir. Comme dans l'espoir qu'un adulte m'entende hurler du fond du bois dans lequel je suis perdu.

"Tu m'entends ?! C'est moi cet écho dans ton plexus, ce cri lointain, c'est moi ! L'enfant intérieur ! Tu m'entends ! Nous nous retrouvons enfin ! Par ta sagesse tu me guides en dehors du labyrinthe, par ma jeunesse je te rends ta joie de vivre, ta légèreté et ton insouciance naturelle. J'ai hurlé du plus profond de nos entrailles et nous nous sommes entendus, retrouvés. Maintenant nous nous guérissons mutuellement."

Je retrouvais ma complétude, ma douceur, la force de faire la différence entre ce que je peux changer et ce sur quoi je n'ai aucun pouvoir. Je quittais le temps pour revivre l'unité parfaite. Je refaisais enfin le lien avec moi-même : Julien, "j'eus le lien".

Le voilà retrouvé ce lien ! Mon corps allait pouvoir lui aussi refaire le lien entre le ciel (ma tête) et la terre (mes jambes) en passant par le soleil de mon plexus.

En paix avec moi-même et fatigué par les symptômes, je décide de faire un jeûne complet de trois jours pour soulager mon corps au maximum. Les effets du jeûne sont connus, prouvés et puissants. Et puisque j'ai retrouvé mon unité, je fais confiance en mon corps pour nettoyer tout le bazar que j'ai créé. L'expérience est plus simple que ce que j'imaginais mais suffisamment forte pour me marquer. Je ne bois que de la tisane durant ces trois jours, et ne fais absolument rien. Repos total. Le transit s'arrête, la diarrhée aussi, quel soulagement...

Une certaine paix intérieure s'installe lors du jeûne : je n'ai rien d'autre à faire qu'être. Être. Superflu impossible,  mon énergie est centrée sur mon corps et son nettoyage interne. Je me rends compte à quel point la pensée en consomme. C'est fatigant de penser ! Et encore plus à tort et à travers ! Le jeûne me recentre, me ramène à l'essentiel.

Je me sens léger. Il faut dire que j'ai perdu du poids entre les crises, le régime et le jeûne. 1m79 pour 70kg en bonne santé, j'étais descendu à 66kg lors de l'été 2020 puis à 62kg en novembre. Je ne sais même plus à quel âge je faisais ce poids naturellement.

Je reprends une alimentation graduelle en suivant mon régime. Les symptômes, moins violents, sont toujours présents mais je me sens mieux, plus serein. J'accepte pleinement l'état dans lequel je suis et choisis de m'accompagner à travers cette épreuve, plutôt que de me flageller d'objectifs et de déceptions. Je quitte la frustration et découvre la force de la patience, à ma plus grande surprise.

De résistance à résilience, je reste convaincu de pouvoir trouver une solution à mes symptômes. Alors je cherche, et comme m'avait dit l'astro-thérapeute : à force de chercher je finis enfin par trouver...

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