VI - Raz-de-marée

22/02/2021

Décembre 2018, Rennes, j'ai 27 ans et mon corps saigne à nouveau. Incompréhension violente. Mon grand ménage s'est transformé en grand bazar et je suis seul au milieu de tout mon foutoir. La tuyauterie cède sous la pression, faisant jaillir l'eau qui remplit la pièce à toute vitesse. Je panique, je m'agite, tente de colmater les fissures mais c'est déjà trop tard. Mon tsunami émotionnel m'emporte et détruit tout sur son passage.

Déménagements successifs, rupture amoureuse de longue date, retrait du monde artistique, santé physique et mentale bouleversée, toute ma structure s'effondre. L'impression d'être emporté par une immense vague, essoré par son rouleau puis rejeté au bord de la plage comme une vieille chaussette. Je ne comprends plus d'où je viens, où je suis ni où je vais. Je me sens perdu, profondément seul.

Mon corps me fait mal. Les poussées sont violentes, jusqu'à en devenir handicapantes. Douleurs, crampes, spasmes, diarrhées, je peux aller aux chiottes huit fois par jour jusqu'à me réveiller chaque nuit pendant près de trois mois non-stop. Jamais je n'avais vécu quelque chose d'aussi éprouvant physiquement et mentalement.

"Après tout ce que j'ai mis en place ?!" je me dis, dépité.

Je reprends mon traitement au Pentasa : aucun changement. Je parcours internet en recherche de réponse mais c'est presque pire : cancer, ablation du côlon, crises de plus de dix ans, traitements chimiques inefficaces... "C'est pas possible, il y a forcément une solution quelque part ! Mon corps ne se retourne pas contre lui sans raison, il y a forcément une explication !" Mon élan vital était aussi fort que ma douleur : hors de question de capituler.

Je continue mon parcours auprès des thérapeutes. "Pas malade, fabrication interne, violence, danger, choc émotionnel..." toutes les informations se recoupent et convergent au même point : tout part de l'intérieur et je suis le seul à y avoir accès.

"Si je suis le créateur de mes symptômes, je peux les arrêter." je me dis.

C'est justement ce qu'il va se passer (malgré moi) à deux reprises, l'une en décembre 2019, l'autre en mars 2020. Lors de ces deux évènements distincts, mes symptômes vont s'arrêter net du jour au lendemain, comme par enchantement, pour reprendre quelques jours plus tard à chaque fois. A deux reprises donc, je passe d'une inflammation aigüe avec saignements à...plus rien du tout. Comme si j'enclenchais un bouton ON/OFF sans le savoir.

"Comment est-ce possible ? Comment ça fonctionne ?!" je me dis.

Je réfléchis aux points communs : ce sont deux moments où j'extériorise ma colère, affirme pleinement ce que je suis, ce que je pense et ce que je ne veux plus, quitte à perdre la reconnaissance de mes interlocuteurs. Deux moments où je prends pleinement ma place sans me soucier du regard de l'autre, de son jugement, de son autorité, de son courroux. Je suis tout simplement moi et je le revendique avec confiance.

Comme si je disais "A partir de maintenant, les éléments toxiques n'ont plus rien à faire dans ma maison. Non seulement je remets une porte d'entrée mais en plus j'ajoute un gardien. J'ai conscience de ma valeur et ne laisserai plus personne entrer sans permission.".

Ma colère m'avait fait peur et je l'avais mise en cage. Bien trop petite, la cage céda, laissant sortir une colère qui était là depuis le début pour jouer son rôle : me protéger, protéger mon territoire et éloigner les voleurs du temple.

"Le jour où vous libérez votre colère, vous retrouverez toute votre confiance et votre vitalité." m'avait dit l'astro-thérapeute. Il avait raison !

Une rémission immédiate des symptômes avait été possible deux fois de suite, je savais que je tenais quelque chose. Il me fallait maintenant cerner le mécanisme de cet effet afin de le reproduire et me sortir de cette crise. J'avais foi, je trouverai d'une façon ou d'une autre.


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