II - Un retour fracassant

18/02/2021

Février 2016, Paris, j'ai 24 ans. Voilà déjà trois ans et demi que j'enchaîne un rythme soutenu entre les transports, le travail, le conservatoire de théâtre, les auditions, les projets... Beaucoup de stress, de bruits, de fatigue, de déconvenues, le tout ponctué par une alimentation négligée. Cocktail parfait pour déclencher une crise de saignements intestinaux, agrémentée cette fois-ci de crampes plus fortes et plus douloureuses.

Incompréhension. « J'ai arrêté le lactose depuis des années, c'est quoi ces conneries ?! » je me dis. Convaincu que ce trouble est d'ordre alimentaire, je décide d'arrêter le gluten : rien ne change. Je retourne chez le fameux naturopathe et recommence un traitement : rien non plus. Épuisé, je quitte Paris en avril 2016 et retourne m'installer à Rennes, ma précédente ville étudiante.

Nouveau rendez-vous gastro, nouvelle coloscopie complète. Résultats : il y a bien une inflammation au niveau iléo-cæcal, et je découvre pour la première fois le terme "recto-colite hémorragique". Sans que celui-ci me soit expliqué. J'ai droit au Pentasa (en suppositoires cette fois-ci) et on me recommande de « Ne pas stresser ». Merci du conseil, j'y penserai...

Mes symptômes avaient donc un nom : RCH. Mais personne ne semblait être en mesure de pouvoir me l'expliquer. Insatisfait par la réponse, épuisé et toujours en crise, je me rends chez un acupuncteur nantais recommandé par mes proches. « Monsieur faut arrêter de prendre sur vous, vous êtes en train de vous tuer. C'est dommage car vous avez un bon radar, vous êtes sensible, mais là faut évacuer toute votre colère parce-qu'elle fait disjoncter la machine. »

Prendre sur moi, colère, disjoncter, j'ai déjà entendu ça...

Par chance, on me met dans les mains un livre qui va bouleverser ma façon d'appréhender mes symptômes : « La maladie cherche à me guérir » du Dr Philippe Dransart. Je ne le sais pas encore mais ce bouquin va changer ma vie. Le Dr Dransart y explique comment la maladie mérite d'être vue comme un message, un avertissement du corps qui repose sur quelque chose de bien plus profond. La maladie ne serait pas une cause mais une conséquence d'un fonctionnement psycho-émotionnel précis, qui lui serait la source du « problème ». Avec cette approche, je ne serais donc plus victime mais responsable de mes symptômes. Responsable au sens adulte du terme : je n'ai pas de pouvoir sur mon passé mais j'en ai sur mon présent. Si mes symptômes prennent racines dans le passé, j'ai aujourd'hui le pouvoir et la responsabilité de remonter jusqu'à elles, de les observer et surtout de changer ce qui ne me correspond plus.

« Nan mais moi je veux juste arrêter de chier du sang, je m'en fous des explications, je veux juste que ça s'arrête ! Et responsable de quoi ? Ça m'est tombé dessus à 15 ans qu'est-ce que j'y peux moi ?! » Telle est ma vision de la maladie à l'époque. Je la vois comme quelque chose d'anormale, presque indigne d'exister. Alors plus tôt elle est barrée mieux c'est, je ne veux pas la voir.

« Oui mais...comment tu vas faire Julien ? Jusqu'à présent personne n'a été en mesure de t'expliquer quoi que ce soit sur la RCH. On te souhaite bien du courage, de ne pas trop stresser, on te fait des ordonnances sur des symptômes dont on n'a aucune explication, des produits à prendre potentiellement à vie, mais rien de plus. Donc comment tu fais ? Tu aimerais bien qu'on te sorte de là mais personne ne semble pouvoir t'aider. Et puis c'est qui "on" ? Et si tu commençais par toi déjà ? Après tout, on n'est jamais mieux servi que par soi-même. » je me dis.

Ok, voyons ce que ce livre peut m'apprendre sur mes symptômes... Perte de joie, sacrifice de soi, difficulté à lâcher-prise, à tourner la page, à évacuer les expériences douloureuses, indignation, colère rentrée etc...la liste est longue et touche dans le mille.

« Comment est-ce possible ? Comment une cartographie du corps peut-elle révéler autant de détails profonds sur ma vie ? ». Quelque chose de fort se passait.

Cette seconde crise durera autour de 8 mois comme la première. Elle s'arrêtera net peu de temps après la prise de Pentasa en suppositoire. Je me dis alors que ce traitement est simple, efficace, et que j'ai enfin trouvé la parade. Mais l'absence d'explication me déplaît, je veux comprendre, et le livre du Dr Dransart a ouvert une brèche vers un nouveau monde...

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