I - Début du voyage

17/02/2021

Tout commence en 2007 lorsque je découvre des pertes de sang à chaque passage en selle. Non je ne fais pas d'équitation, j'ai 15 ans et je chie du sang. « Sûrement une erreur, ça va passer ! » je me dis. Mais ça ne passe pas.

Mutique, perdu, je mets plusieurs mois avant de l'annoncer à mes parents. Comment peut-on mettre autant de temps à dire une chose pareille ? Incompréhension, honte, tabou...je ne comprends pas ce qu'il m'arrive. Un jeune homme n'est pas sensé perdre de sang à 15 ans, et encore moins sur les chiottes ! Mais voilà, à cette époque il me faudra plus de quatre mois pour formuler mon inquiétude. Ce détail est un premier indice en ce qui concerne la RCH.

Dire plutôt que retenir. Évacuer plutôt que garder. Dehors plutôt que dedans. Libérer plutôt que ronger.

Je rencontre donc un gastro-entérologue et découvre les plaisirs de la coloscopie partielle, sans anesthésie. Résultats : RIEN.

Direction la coloscopie complète avec la totale : régime sans résidus puis lavement avant anesthésie générale. A l'époque j'ai bu environ 3L d'eau goût sucré-salé pour le lavement. Immonde mais très efficace. Le dernier litre qui sortait de mon corps était aussi pur que celui que je venais de boire. A défaut d'apprécier l'expérience, je m'accrochais à son aspect ludique. Résultats de la coloscopie complète : RIEN.

« Je ne comprends pas, y'a rien, pas d'inflammation, pas de polype, rien. » témoigne le gastro-entérologue gêné face à mes parents. J'ai 16 ans, je ne comprends toujours pas ce qu'il se passe. Le Dr propose un premier traitement à base de Pentasa en granulés. Combien de temps ?

« Probablement à vie. » C'était mal barré.

Cette réponse n'a pas plu à mes parents, une chance. Ils décident donc de prendre rendez-vous chez un excellent naturopathe de Paris, qui a la particularité de choisir ses plantes en fonction de l'analyse d'urine du patient.

« Vous ne vous sentez pas aimé » me dit le naturo. Je revois encore l'impact de cette phrase sur ma mère, touchée, lors du rendez-vous. J'étais surpris par son diagnostic, je m'attendais à quelque chose de technique et médical. Il avait raison. A cette époque j'étais sous pression : ma mère refusait de me voir grandir et me considérait encore comme un enfant. J'avais le sentiment de ne pas être aimé pour l'homme que je devenais, j'étais comme forcé de rester un enfant. J'étouffais. Ajoutée à cela ma toute première relation amoureuse sexuée avec une fille plus âgée qui me dominait par principe, j'implosais en silence, submergé par des émotions contradictoires, un sentiment de solitude aigüe et une profonde incompréhension du monde qui m'entourait.


« Tu bois quoi le matin ? » Du lait. Beaucoup de lait.

« Du lait de vache ? Arrête ça tout de suite ! »

Surpris, il m'explique que les produits laitiers de vache sont bien trop riches et que je ne les digère sûrement plus. J'arrête donc tous ces produits du jour au lendemain. Pas évident car j'étais bon consommateur. Je commence son traitement à base de plantes, et quelques semaines plus tard mes symptômes s'arrêtent net.

A cet instant, mes saignements intestinaux sont associés à une intolérance au lactose. Ma crise a duré près de 8 mois, mais je suis enfin sorti d'affaire. Enfin c'est ce que je croyais...


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